Attentes ministérielles
La mise en œuvre d’un programme de surveillance de l’usage des
antibiotiques nécessite la réalisation de plusieurs activités telles que
décrites dans le Cadre de référence précédemment discuté. Les
attentes ministérielles minimales au regard des actions à mettre en
place dans le cadre d’un tel programme sont les suivantes :
Identification d’une entité responsable
Le directeur général de l’établissement de santé, en collaboration avec le Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens de l’établissement (CMDP), doit identifier l’entité interne qui sera responsable de mettre en œuvre le programme local de surveillance de l’usage des antibiotiques et de coordonner les diverses activités s’y rattachant. Cette responsabilité pourrait par exemple être attribuée à une structure multidisciplinaire déjà existante. Cette entité devrait avoir des liens avec le comité de prévention des infections, le département de pharmacie et le CMDP.
Cette entité devra élaborer un plan d’action lui permettant de planifier et de prioriser les activités de façon optimale et structurée. Le cas échéant, les activités qui sont déjà réalisées dans l’établissement devront être actualisées afin de s’assurer qu’elles respectent les paramètres établis dans le Cadre de référence relatif à l’usage optimal des anti-infectieux et au suivi de leur utilisation en milieu hospitalier.
Ce plan d’action devra notamment inclure les actions qui ont été identifiées dans la présente directive.
Suivi de la consommation des antibiotiques (surveillance quantitative)
L’unité de mesure qui est à privilégier est la dose journalière définie
(defined daily dose - DDD) par 1 000 jours-présence, par unité de
soins et par période financière, tel que précisé dans le Cadre de
référence. Cette mesure doit être idéalement calculée à partir des
quantités réelles consommées en grammes (ou en millions d’unités
internationales – UI) pour chaque molécule.
Cette mesure permettra notamment de faire une concordance avec les données concernant les résistances bactériennes observées localement ou de faire la corrélation avec l’apparition d’infections nosocomiales comme le Clostridium Difficile.
Le choix des antibiotiques à suivre doit tenir compte des problématiques relatives à l’usage de ces produits dans l’établissement. De l’avis d’experts consultés, le suivi de la consommation des antibiotiques suivants pourrait être une cible à prioriser s’ils sont inscrits au formulaire de l’établissement : l’imipénem/cilastatine, le méropénem, le doripénem, la ciprofloxacine, la lévofloxacine, la moxifloxacine, la pipéracilline/tazobactam et la ticarcilline/clavulanate de potassium.
Le calcul des DDD à l’aide du système d’information en pharmacie est
une fonctionnalité qui devrait être disponible puisqu’elle fait partie des
critères de normalisation des fournisseurs de système d’information
élaborés et diffusés dans le cadre du projet SARDM en 2008. Elle
permettra que le suivi quantitatif puisse être effectué de manière
automatisée.
Réalisation d’activités de surveillance qualitative
Les établissements de santé pourront adopter différentes stratégies
pour réaliser un suivi qualitatif de l’usage des antibiotiques et une
évaluation des pratiques en antibiothérapie. Il peut s’agir de stratégies
éducatives, facilitantes ou structurantes telles que décrites dans le
Cadre de référence relatif à l’usage optimal des anti-infectieux et au
suivi de l’utilisation de ces médicaments en milieu hospitalier. Le choix
des stratégies doit être fait selon la réalité du milieu, notamment en
fonction de la clientèle de l’établissement et de l’historique en matière
d’infections nosocomiales.
Ces stratégies peuvent cibler en premier lieu une population
particulière pour être ensuite étendues à d’autres clientèles. Par
exemple, les établissements de santé offrant des services de chirurgie
devraient réaliser des activités d’évaluation de l’usage de
l’antibioprophylaxie chirurgicale afin d’intervenir, le cas échéant, sur
des problèmes pouvant être rencontrés à ce chapitre comme un choix
inapproprié de l’antibiotique ou une durée d’utilisation trop longue.
Les établissements sont invités à partager leur expérience entre eux et
à solliciter l’expertise d’organisations ou de comités québécois
spécialisés sur le sujet.